jeudi 4 février 2016

Connaissez-vous ... LA LÉGENDE DU MILLE-PATTES DES ARCEAUX

LA LÉGENDE DU MILLE-PATTES DES ARCEAUX
Trois ans. Trois ans déjà qu'il n'avait pas plu sur Montpellier. Au bas de la porte du Peyrou, la terre se craquelait, quelques bêtes avaient survécu en dévorant les basses branches des chênes verts, mais presque tous les troupeaux avaient disparu.....
Les fontaines de la ville ne coulaient plus depuis bien longtemps et seuls les cortèges d'hommes et de mulets, lourdement chargés de jarres, qui ramenaient vers la ville l'eau du Lez, assuraient l'approvisionnement de la cité.
Car fort heureusement la source Saint-Clément continuait à nourrir le petit fleuve.
Assis sur une pierre, au pied du Peyrou, le petit berger Henriot, surnommé "le Pitot" regardait les insectes qui s'affairaient sur le sol rouge et desséché.
Un mille-pattes s'arrêta et fixa le gamin amaigri par la disette.
-        C'est l'eau petit ! l'eau qui a disparu. Peut-être reviendra-t-elle un jour submerger cette ville que ses édiles n'ont pas su protéger.
- Tu parles bien, mille-pattes, mais si tu pouvais nous ramener l'eau qui manque à nos maigres troupeaux et fait pousser notre blé, ces mots ne seraient pas vains, comme ces nuages, qui ne font que passer au-dessus de nos têtes !
- Légèrement vexé le mille-pattes se redressa sur ses 500 pattes arrière (il faut savoir qu'un mille-pattes possède de chaque côté de son corps 250 pattes de devant et 250 pattes de derrière).
- Bien sûr que je peux ramener l'eau, mais encore faudrait-il que toi et les tiens vous montriez un peu plus modestes face à ce qui vous entoure.
Mais pour qui vous prenez vous ? Bâtir, bâtir, toujours et encore ! consommer, consommer, encore et toujours ! Polluer, polluer  encore et encore, toujours et toujours!

Mais ... , tu me fais peine "Pitot", peut-être la leçon a-t-elle assez duré.
Tiens "Pitot", tu vois ce brin de paille  ?
Il te suffit de le poser sur mon dos, de prononcer trois fois la parole magique "BENAÏGO, BENAÏGO, BENAÏGO, et je vais tant grossir et m'allonger que mes dernières pattes de derrière baigneront dans la source du Lez et mes premières pattes de devant toucheront le Peyrou et alors l'eau, s'écoulant dans le brin de paille, se déversera à nouveau dans les fontaines de l'Ecusson.
- Aussitôt Henriot se mit à hurler
"BENAÏGO,  BENAÏGO, BENAÏGO "
"BENAÏGO,  BENAÏGO, BENAÏGO "
"BENAÏGO,  BENAÏGO, BENAÏGO "

La clameur se répandait à travers la ville, et le peuple, bien qu'épuisé, reprenait de plus en plus fort

"Benaîgo, "Benaîgo, "Benaîgo,... "Benaîgo, Benaîgo, Benaîgo,... "Benaïgo, Benaïgo, Benaïgo,"

et soudain le mille pattes se mit à grossir, grossir et son corps s'allongea, s'allongea et tout là-haut, sur son dos, au bout de quelques instant on entendit un bruissement d'eau, et bientôt  toutes les fontaines de Montpellier se mirent à glouglouter et les vasques se remplirent d'une eau fraîche comme on n'en n'avait vu depuis bien longtemps.
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Alors ... ne vous étonnez pas si, de temps en temps, quand vous vous promenez sous les Arceaux, vous entendez le vent gémir...

"Benaïgo, Benaïgo, Benaïgo ..., "Benaïgo, Benaïgo, Benaïgo,... "Benaïgo, Benaïgo, "Benaïgo,... "

Ce ne sont que quelques mots qu'il murmure aux (deux) oreilles du mille-pattes qui ne dort ...      
 ...  que d'un œil.
 AVA avec les élèves de l'école Jeanne d'Arc 2010

1 commentaire:

  1. Une belle histoire racontée la semaine dernière aux élèves de CM1 de Monsieur Teixido de l'école Jeanne d'Arc. Ils ont adoré !

    Sébastien de l'APIEU

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